Pourquoi un Parc national ?
La Wallonie peut être fière d’être dotée de 12 Parcs naturels. Outils de développement territoriaux dynamiques et actifs, ils peuvent être comparés aux aires d’adhésion des Parcs nationaux. Si l’on observe la répartition des Parcs naturels de Wallonie, il y a clairement un vide sur les communes de Nassogne, Saint-Hubert, Libin, Libramont, Tellin, entre le Parc naturel des Deux Ourthes à l’est, le Parc naturel d’Ardenne méridionale à l’Ouest. Or, il y a là réellement un « joyau » naturel à préserver. Complémentaire à ces deux Parcs naturels, ce Parc national comblerait ce vide en poussant le curseur biodiversité au maximum, à l’image du Parc national de l’Eifel, inclus dans le Parc naturel Nordeifel, en Allemagne.
En somme, créer un Parc national, c’est concilier les différents cercles concentriques et définir un projet de territoire qui traduit la solidarité écologique entre le cœur du Parc national et ses espaces environnants.
Ensuite, c’est inscrire publiquement l’engagement politique vers une stratégie pour protéger et restaurer les forêts, manière de protéger la biodiversité et d’accroître la captation du CO2, qui est bien l’une des priorités du Green Deal européen.
C’est également un outil d’une grande puissance mobilisatrice et de développement d’un tourisme compatible axé « nature », comme le démontre l’exemple de l’unique Parc national belge « Hoge Kempen » en Flandre. Sa réussite est telle qu’après 10 ans seulement d’existence, le gouvernement flamand a proposé d’en doubler la surface.
C’est aussi une reconnaissance et une exigence internationale, car c’est pousser le curseur « qualité » au maximum dans tous les domaines. C’est viser l’excellence en primauté dans la conservation de la nature et ensuite, dans les autres fonctionnalités de la forêt : la gestion sylvicole et l’exploitation, la chasse, l’accueil du public, la gouvernance.
Et toujours pour servir la forêt au mieux.
Enfin, c’est s’inscrire dans une temporalité longue, à l’aune des processus naturels d’une forêt. En effet, le premier Parc national au monde a été créé en 1890 aux Etats-Unis, et 130 ans plus tard, il est toujours là, rejoint par plus de 3.800 Parcs nationaux à travers le monde.
Une création en plusieurs phases, spatiales et temporelles
Les nombreux exemples de nos voisins européens nous le démontrent : le processus de création de Parcs nationaux prend du temps et nécessite bien entendu la concertation et l’adhésion d’un grand nombre d’acteurs. C’est pourquoi, nous l’imaginons en trois temps, correspondant à trois territoires d’implication différente. En effet, un Parc national est généralement constitué de plusieurs zones, avec un degré d’intervention humaine, de protection et d’objectifs qui varient depuis la zone cœur vers la zone périphérique.
Saint-Michel-Freyr constituerait la zone cœur au sein de laquelle l’intervention humaine est minimale avec pour mot d’ordre « Laisser faire la nature, sinon agir ».
En périphérie, des aires d’adhésion dans lesquelles les règles de protection sont moins strictes, la priorité est donnée à un développement économique local en cohérence avec le patrimoine naturel. Les propriétaires et acteurs locaux adhèrent volontairement au projet afin de protéger la zone cœur. Ces aires d’adhésion sont le gage du rayonnement nécessaire à la fois à la protection du cœur, et aussi à la multiplication des mesures et du changement. Ces aires d'adhésion prendraient place dans les limites de la Grande Forêt de Saint-Hubert.
Entre les deux, une zone de transition, qui serait constituée par les territoires forestiers des communes dites de Freyr (Bastogne, Bertogne, Sainte-Ode, Libramont, Vaux sur Sûre et Tenneville), constituant avec la Domaniale de Saint-Michel-Freyr le territoire des Chasses de la Couronne qui forment le premier cercle concentrique de Nassonia.